Je le regarde. Il est allongé sur le canapé. Il lit. Je ne l’ai jamais vu lire autant que ces jours. Il est totalement absorbé. Ce cinquième tome de Fondation est le dernier. Il les a enchaînés à une vitesse… Je me demande ce qu’il lira après. Il avait beaucoup aimé Le monde inverti, et encore plus La paille dans l’oeil de dieu, qui a déclenché entre nous des discussions enflammées. Farenheit 451 est posé sous la table basse, attendant qu’il s’y intéresse. A-t-il déjà lu Dune, il me semble que oui, quelques tomes, mais il n’a pas accroché autant que moi. Il faudrait fouiller dans les cartons de livres pas encore déballés. Mais je n’ai pas eu le temps pour le moment de réfléchir à la conception d’une bibliothèque. L’endroit est trouvé, sous l’escalier du grenier, ce serait parfait. Un meuble sur mesure, ou presque, vu que je ne suis pas menuisier, ou des caissons sur roulettes. Je ne sais pas encore.
Je me lève pour aller entrouvrir la porte au chat. L’air glacé s’infiltre à l’intérieur. Il serait temps d’installer une chatière à la fenêtre de la cave.
A mon retour Simon n’a pas bougé d’un pouce. Le carré de chocolat aux amandes est toujours intact sur la table et sa tisane refroidit.
Le Moomin derrière lui diffuse une lumière douce, il a parfaitement intégré le décor. C’est fou d’avoir tellement souhaité cette lampe et de sourire à chaque fois que je la regarde. Peut-être aurais-je pu commander le modèle plus grand… Mais cela aurait probablement été trop imposant.
Je regarde mon livre auquel j’ai bien du mal à accrocher. Je ne sais pas à quoi ça tient. Bien sûr ce soir, le crémant a embrumé mon cerveau et cela ne m’aide pas. Mais à six heures du matin, je n’y arrive pas non plus. Cela fait plusieurs fois que je me dis que je vais le mettre de côté, pour m’y replonger plus tard. Et je persévère quand même. Pourquoi s’infliger ça… Ai-je déjà arrêté un livre en cours, il me semble que oui, dès la deuxième page. Des phrases si longues et si complexes qu’elles en étaient incompréhensibles. Mais celui-ci est pourtant plus facile que du Gordimer… Ce ne sont pas les possibilités d’en commencer un autre qui manquent. Ma pile à lire est immense, la liseuse est pleine. La flemme…
J’attrape le journal local. Un loup a été vu, chacun y va de son avis. Quelques morts de plus dans la rubrique nécrologique. Quelques exploits sportifs. Aucun incendie ces jours-ci. Je le pose près du feu, il allumera la prochaine flambée. Puis je vais fermer la porte, le chat n’a pas voulu sortir finalement, il est sagement resté devant le courant d’air.
Je me réinstalle, attrape mon téléphone puis lance une attaque et discute un peu avec ma team BoomBeach.
Les flammes dans le poële diminuent doucement. La musique s’est éteinte. On entend le vent souffler à travers les aérations du poële.
Je le regarde, le carré de chocolat a disparu de la table, le niveau de la tisane a baissé.
Son profil se découpe dans la lumière tamisée. Je le trouve particulièrement beau ce soir.
Il glisse le papier qui lui sert de marque page dans le livre, le pose, termine sa tisane. Il me regarde et me demande “on va dormir ?”.
Avec plaisir.
Je les ai lu il y a si longtemps, je devais être à peine adulte. Rarement je ne fini pas un livre, mais j’ai tenté au moins trois fois de lire un Christian Bobin et jamais je n’ai réussi à lire plus d’un chapitre. Par contre à six heures du matin, je ne lis que les blogs 🙂 et ce matin je suis ravie de lire ce si joli billet.
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Tranche de vie… Que c’est doux, un amour tranquille et paisible. Le monde n’en a que pour la passion houleuse, mais passer une soirée à lire côte à côte, c’est bien beau aussi. Merci de nous l’avoir fait partager.
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