Le téléphone pleure

Il est sept heures. J’attends que le chat revienne. Il doit savoir que lui et moi avons rendez-vous pour ses vaccins tout à l’heure, alors ce matin, et ce matin seulement, il ne rentre pas.

J’entends Simon se lever, puis se préparer. Et il descend manger. Il est sept heures et demie et son téléphone sonne. Il répond, en continuant de manger ses céréales. Il parle en allemand, des problèmes à résoudre. Il raccroche. Ce matin, il est resté un peu plus pour m’aider à mettre le gros patatouf dans la boîte, acte un peu difficile depuis les opérations de cet été.

Simon sort son ordinateur et commence à répondre à des mails. Le téléphone sonne. Il répond, en français, des problèmes à résoudre encore. Pendant qu’il raccroche, j’attrape le chat, miraculeusement rentré à temps. Et puis nous l’installons. Le téléphone de Simon sonne encore. Je ris « mais c’est une centrale téléphonique ici ». Il répond en soupirant « c’est comme ça toute la journée ».

Hier soir il a dit il faut que je me protège, je dois mettre de la distance, faire ce que je peux dans le temps imparti, je ne sauverai pas cette boîte à moi seul. Vendredi soir, il a coupé son téléphone. De mon côté, je m’en veux d’avoir ronchonné ce week-end, d’avoir montré ma fatigue, liée au manque de vacances, à cause de ce projet, son projet, qui l’épuise aussi et nous a retenus là si longtemps. Et puis il y a cette promotion, dont il est difficile de savoir s’il faut l’accepter. Quand je lui ai demandé ce qu’il veut, il a répondu, je veux comme toi, je veux travailler moins et gagner plus, et il a ri.

Depuis la boîte, Gudule miaule à nous fendre le cœur. Et le téléphone sonne.

Simon dit ça va aller.

Oui ça va aller, nous avons surmonté bien pire. Mais nous sommes fatigués. J’attrape le chat et je sors dans le froid. J’ai oublié de l’embrasser…

Plus que cinq semaines avant les vacances. Plus que cinq semaines.

 

 


3 réflexions sur “Le téléphone pleure

  1. Merci pour ce très beau texte. Je comprends tellement. Nous avons en quelques sortes l’opposé. Je travaille en cabinet, et chéri passe de job en job, alignant les temps d’essai et l’insécurité. 2 ans et demi sans vacances… nous fatiguons les deux. Je languis d’avoir une ou deux semaines ensemble. De vraies vacances, où nous savons qu’il retournera ensuite travailler dans de bonnes conditions. Mais devant nous s’annoncent pour l’instant de nouvelles recherches et si rien ne se profile, de nouvelles semaines suspendues à un fil, celui du téléphone qui ne sonne pas.

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