Il avait déjà le sourire en salle d’attente. Et quand il s’est assis en face de moi, j’ai vu qu’il brûlait de me raconter quelque chose. J’ai pensé à un truc un peu croustillant. Et en fait non, il voulait me raconter les récents évènements de sa vie, comment cette carrière mise entre parenthèses il y a quinze ans, pour de multiples raisons mais surtout beaucoup de souffrances, reprend, et combien ça le rend heureux. Et moi aussi ça m’a rendue heureuse.
Il a eu des périodes très sombres. Très très sombres. Il a encore cette maladie, cette grosse épée de Damoclès au dessus de sa tête. Mais là, aujourd’hui, il n’était pas obligé de venir, vraiment pas. Mais il a voulu venir, pour me raconter. Et ça m’a fait du bien.
Bien souvent, je vois les gens quand ils vont mal. Parfois je les vois même vraiment souvent et beaucoup. Je les écoute. Ils se racontent. Ils avancent sur le chemin de leur guérison. Et puis après je ne les vois plus. Pendant longtemps, voire jamais.
Alors quand un peu plus tard, j’apprends qu’ils vont mieux, je les croise dans leur nouveau travail, ou dans une fête, et que je vois qu’ils sont souriants, et que c’est un vrai sourire, j’ai ce petit soulagement intérieur.
Il y aura un moment où il ne viendra plus me voir, ou plus rarement, il y aura quand même toujours cette maladie qui fera qu’on se verra de temps en temps. Pour le moment, il vient, il en a encore besoin.
Au Pays Des Vaches Mauves 